Discours de Marc Horvat, séance plénière du 19 décembre 2014
Monsieur le Président, chers collègues,
L'assemblée nationale a voté définitivement la réforme territoriale, ramenant à 13 les régions françaises. La nouvelle région de rattachement, APOILIM ou Aquitaine, dépasse en taille dorénavant 15 pays de l'Union Européenne. Que va t-il rester de notre espace régional ? Les trois départements ruraux que sont la Creuse, la Corrèze et la Haute-Vienne. Le Limousin.
En termes d'avantages comparatifs, selon la théorie dite « classique » et Ricardo, il est certain que notre région avait un passif considérable. Maintenant, si l'on considère la qualité de vie, l'accessibilité du logement, la richesse de nos terroirs ; des chercheurs, des startups des associations, des entreprises d'échelle nationales, européennes voire mondiales ont tout de même réussies à s'en « contenter ». Nous verrons comment nos départements arriveront à attirer l'attention dans la grande région à venir, autrement que par le pillage de nos ressources, le bois transformé jusqu'ici en région que convoite l'Aquitaine et les minerais des mines de Creuse. Vu de loin, de Paris comme Bordeaux, pourra-t-on considérer la Creuse autrement que le département des moins peuplé de France et donc un espace où tout est possible, 1000 veaux, mille porcs et mille mines, quand nous connaissons le joyau paysager, social et environnemental qu'elle représente. Et surtout comment, sans qu'il ne soit nul part question de péréquation entre régions, les régions comment le nopi, Nord Picardie et midi-Roussillon vont pouvoir s'aligner socialement et économiquement au vu de l'état de chômage et de pauvreté qui y règne.
Fin de la région Limousin dans un an, COP 21 à Paris, la conférence climatique 2015 où il reste encore beaucoup à faire, il est temps que nous puissions participer activement dans cette dernière année aux efforts que l'avenir de la planète exige.
La loi sur la transition énergétique, les engagements renouvelés de l'Europe donnent des outils et des moyens que nous devons saisir.
Mais pour cela, nous devons revoir des politiques inachevées, comme le programme herbe et fourrage qui promeut largement l'engraissement maïs et soja, alors que l'alternative, l'engraissement à l'herbe à été volontairement exclu des dispositifs. Il ne reste qu'un an à financer l'ADAPA pour compiler les résultats de ce qui est à l'origine du programme limousin, et ainsi pouvoir comparer les modèles, mais l'annonce de la fin de l'accompagnement par la région enterre toutes les années d’expérimentation. Au profit de qui ? Maintenir la dépendance aux importations de protéines ? Maintenir la fragilité des agriculteurs dans les fluctuations hystériques des cours du maïs et du soja ? La construction de bâtiments d'engraissement, l'aide aux matériels d'exploitation céréaliers se révèle un échec particulièrement coûteux pour la région et pour le niveau d'investissements, au vu de la perte d'agriculteurs et de la valeur ajoutée des productions. Poitou-Charentes dispose de 45 salariés réseaux, 7 en Limousin. Les résultats picto-charentais dépassent toutes les espérances. Pourquoi arrêter ici ? Quant aux MAE C, destinées aux systèmes agro-écologiques, pourquoi les cantonner aux seuls bovins ? Je me dois de rappeler que les ovins sont la deuxième production agricole de notre région. Et les caprins, et l'agriculture biologique, et les systèmes maraîchers, dont on nous dit que les productions ne sont pas suffisantes pour les circuits courts pour nos seuls lycées ? Tous les groupes présents dans cette assemblée se sont positionnés pour la relocalisation pendant la campagne des régionales. Quand est-il ?
Quant au plan eco-phyto 2018, c'est indéniablement un gâchis d'argent public, sans aucun résultat probant, voire même une augmentation des produits phytosanitaires en région. La formation des agriculteurs au Certiphyto est un transfert aux utilisateurs eux-mêmes de l’entière responsabilité pénale de l'usage de produits. Le tribunal de grande instance de Paris a tranché le 28 octobre la reconnaissance de la dangerosité de ses produits devant la société. Ici même, une majorité élargie de cette assemblée a voté la création de groupes de travail pour sortir le Limousin de cette impasse. Où sont les actes ? Après avoir diminué les aides en faveur de l'agriculture biologique, voici que les aides au maintien seraient limitées, avec la certitude de voir s’arrêter un tiers ou la moitié des exploitations en bio, alors que c'est un engagement de l'Europe, de la France et de la région Limousin. Quels actes, M. le Président ? Où en sont les actes en faveur de l'agro écologie et de la santé de nos concitoyens ?
La France, M. le Président, chers collègues, la France a été avec l'Allemagne la première à participer au fond climat. Un milliard de dollars au profit de l'adaptation au réchauffement climatique, parce qu'il n'est même plus question de revenir à l'optimum climatique qui a fait les sociétés humaines, mais de cantonner ce réchauffement à 2 degrés avant de sombrer dans un chaos très probable.
Le Président de la République a maintenu sa position contre la recherche et l'exploitation des gaz et pétroles de schistes, en résistances aux sirènes du court-termisme conformément aux préconisations de Jean Jouzel, Vice-président du groupe scientifique du GIEC, de la nécessite de laisser 80% des carburants fossiles dans les sols pour réussir le challenge mondial de sa propre survie. La loi sur la transition énergétique a été votée, avec notre soutien, même si nous aurions souhaité un engagement plus fort encore. Alors pourquoi le Président de la République est allé faire la promotion des pétroles bitumineux en Alberta au Canada ? On aimerait une cohérence propice à engager la France sur la voie de l’excellence environnementale, tel que M. Archer l'a fait ici, pour le Limousin tout du moins, vu que le Pdt de l'UMP a déclaré « Je ne peux pas accepter que les Etats-Unis soient devenus du point de vue de l'énergie indépendants grâce au gaz de schiste et que la France ne puisse pas profiter de cette nouvelle énergie alors que le chômage ravage tant de nos territoires et tant de nos familles, c'est inacceptable ». Ce n'est pas acceptable, M. Sarkozy, c'est juste irresponsable. Économiquement parlant, les Etats Unis d'Amérique ont effectivement réussis leur pari, mais à quel prix ? La destruction de leur environnement, la mise à l’arrêt de tous leurs investissements dans les énergies renouvelables, et enfin, la déstabilisation mondiale des cours du pétrole, avec tous les effets collatéraux que l'on connaît. Ce n'est plus de l’égoïsme, c'est criminel. Les investissements en faveur des énergies fossiles s'élèvent à 650 milliards de dollars par an, accélérant la concentration du CO2.
Pour limiter les gaz à effets de serre, le premier outil se situe dans le bâtiment. L'isolation, la réhabilitation, la construction qui stocke durablement le CO2 c'est à dire celle qui utilise les matériaux bio sourcés, la paille et le bois. Or nos entreprises souffrent terriblement de l'effondrement des mises en chantiers. Pour cela M. le Président, nous pouvons agir, rapidement. Nous devons conditionner nos aides et subventions à l'étude systématique d'une alternative système constructif bois dans les collectifs, demander une comparaison des émissions de CO2 et une étude comparative des coûts de fonctionnements. Les coûts que cela représentent sur les pré-projets sont négligeables et ne remettent pas en cause l'économie des bâtiments, au contraire, au regard des coûts de fonctionnements. Ce serait cohérent avec notre plan régional de développement de la filière bois, propice aux entreprises locales et à la santé de notre économie, qui en a bien besoin. Et surtout mieux que de destiner nos bois à la Chine ou aux projets CRE à coup de centaine de milliers de mètres cubes.
Cela nécessite une politique cohérente, de notre part comme de l'état. Arbitrer avec le fond politique qui légitime les élus, mais écouter. Écouter l'expertise citoyenne, omniprésente dans tous les domaines. Le Pdt de la république a appelé à une nouvelle démocratie, des référendums locaux et de la démocratie participative et a enfin interdit les grenades offensives par les forces de l'ordre. Un jeune homme s'est quelque part sacrifié pour cela. Le départ pour qu'une paix sociale et sociétale puisse émerger, véritable réponse à la violence simplificatrice du front national et des conflits stériles. Mais le premier ministre annonce le démarrage de Notre dame des landes avant la fin des recours juridiques. Où sont les actes ? Où est la cohérence ?
Il reste un an au Limousin pour montrer la voie. Si on commençait par unir nos forces pour exiger un Paris Toulouse digne notre région. Unissons l’engagement des élus de toutes les formations politiques républicaines pour défendre la ligne qui historiquement a fait le Limousin, non pas aux noms des partis, mais au nom du Limousin, jusqu'à la fin.
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